Renaud Semper

Renaud SemperRenaud Semper – 1+1=2

L’instant. Quoi de plus beau que l’instant ? On se réveille un matin, et l’envie nous prend.

J’allume l’ordinateur. Il rame. J’ouvre Word. Ça rame. Je courbe mes doigts, je penche la tête. Les idées fusent et fument. Petite et douce écriture automatique. Les mots s’emmêlent et je ne reviendrai pas dessus, c’est décidé. J’ai décidé d’écrire sur quelque chose, sur tout et parfois… sur rien du tout.

Quelques expériences théâtrales oui, des centaines de films vus et revus, des musiques à longueur de journée dans ces petits écouteurs blancs qui s’emmêlent… Comme les mots.

Entre le lycée et les études supérieures s’écrivent pas mal de textes ; en construction, comme l’adolescent que j’étais. Puis revient un jour le théâtre, pour lequel j’écris 1+1=2, pièce que je monterai par cette occasion en même temps que la création de la toute jeune compagnie Pince-moi je rêve. 1+1=2 est aujourd’hui sur scène et raconte l’histoire de solitudes qui se retrouvent dans une jolie guinguette au bord de l’eau. Un pêcheur, une serveuse, des musiciens en fond qui enchaînent valses et tangos, puis une famille qui se laissera danser par ces énergies passionnelles.

Alors chantons, dansons les mots, une bonne fois pour toutes !

1+1=2

Ce jour-là, le restaurant chantait.
Ce jour-là, la petite serveuse a ouvert le restaurant, comme tous les jours.
Ce jour-là devait être exactement le même que tous les autres jours.
Tables arrangées, lampes allumées. Les musiciens et une chanteuse en fond enchaînent valses et tangos.
Dans le restaurant-carrousel, à longueur de journée, les destins se nouent et s’entremêlent.
Devant, un pêcheur tangue et ne navigue plus que dans les brumes de son esprit. On le dit fou, mais la serveuse sait que c’est faux.
Ce jour-là, un père, une mère et un fils sont entrés dans le restaurant. Une famille banale et pourtant si triste. Une famille qui n’en est plus une depuis longtemps déjà.
Le père a la tête au sommet du Nijinska.
La mère, métronome affolé, oscille de mère, en femme, en amoureuse, sans jamais savoir quand s’arrêter.
Le fils, lui, se noie doucement dans le silence qui l’entoure.
Sans faire de bruit.
Le pêcheur tangue, la serveuse essuie un dernier verre et c’est déjà fini. Les vies continuent.