Roland Schimmelpfennig / Claire Stavaux (Maison Antoine Vitez)

Roland Schimmelpfennig - @Arno DeclairRoland Schimmelpfennig est un auteur de théâtre allemand, né en 1967 à Göttingen. Journaliste et auteur indépendant à ses débuts, il commence des études de mise en scène à Munich, à l’école Otto-Falkenberg. D’abord assistant à la mise en scène aux Kammerspiele de Munich avant d’y devenir dramaturge, il voit ses premières pièces récompensées par de nombreux prix dramatiques, comme le prix Else Lasker-Schüler pour Poisson pour poisson (Fisch um Fisch) en 1997, puis le prix Nestroy du meilleur espoir en 2002 avec Push Up, et celui de la meilleure pièce pour Visite au père (Besuch bei dem Vater) en 2009. Le Dragon d’or (Der goldene Drache), est élue pièce de l’année en 2010 par la revue Theater Heute. Il est dramaturge et conseiller artistique à la Schaubühne de Berlin de 1999 à 2001, sous la direction de Thomas Ostermeier. Actuellement l’un des auteurs de théâtre les plus réputés et joués d’Allemagne, il travaille désormais comme auteur indépendant et écrit essentiellement des textes de commandes pour les théâtres (le Staatstheater de Stuttgart et d’Hanovre, le Schauspielhaus d’Hamburg, le Burgtheater de Vienne ou encore le Deutsches Theater à Berlin).

Dans des textes plus anciens, comme La Femme d’avant ou Push Up, se manifestait déjà une esthétique de la circularité, faite de retours en arrière, de bonds en avant et de rebondissements. Ses toutes dernières productions telles que Les quatre points cardinaux, L’enfant volant (2013) ou Solstice d’hiver (Wintersonnenwende) et L’Eau noire (Das schwarze Wasser) en 2014 accentuent ce phénomène qui devient même un principe dramaturgique fondamental, à côté de l’irruption du merveilleux ou du mélange entre dialogues et didascalies. Dans chacune de ses pièces, il dit explorer une nouvelle manière de raconter, en habile « technicien de la narration ».

 

Claire StavauxClaire Stavaux est née en 1984 à Marseille. Une passion pour le théâtre née très tôt dans les rues d’Avignon où elle a passé son adolescence. Une passion qui s’épanouie à Berlin, où elle a apprend l’allemand sur les planches. Plus tard, agrégée d’allemand, elle enseigne la dramaturgie et l’histoire du théâtre allemand à Paris 3 en licence, dans le cadre d’une thèse portant sur le théâtre allemand contemporain et plus précisément sur la « parole dramatique dans tous ses états » chez Roland Schimmelpfennig.

Egalement traductrice littéraire depuis trois ans, elle a traduit les ouvrages du jeune Autrichien, Clemens Setz, L’Amour au temps de l’enfant de Mahlstadt (2012) et Le Syndrome indigo (juin 2014) publiés aux éditions Jacqueline Chambon, ou encore les sous-titres des DVD de pièces de Pina Bausch (Walzer, Ahnen Ahnen, Répétitions du Sacre) pour L’Arche. Depuis janvier 2015, elle occupe les fonctions d’éditrice chez L’Arche Editeur.

 

Idoménée

Idoménée raconte le retour du roi crétois dans son île après dix années de guerre et l’accueil réservé par son peuple et son épouse. Pour regagner ses côtes, il promet en échange d’un vent favorable de sacrifier le premier être vivant qui viendra à sa rencontre. Son fils Idamantes. Pourra-t-il échapper à la prophétie funeste ? A partir de ce canevas mythologique bien connu, Schimmelpfennig explore mille variations possibles. Cette pièce repose sur une grande sobriété poétique, une économie de mots avec un maximum d’effets sonores et musicaux (répétitions allant de simples mots à des séquences toutes entières) : elle « vit de son propre langage » selon une expression de l’auteur. Dans cette forme faite de bribes d’énoncés, de phrases tronquées et de vers hachés, des voix s’élèvent de toute part et se font écho. Des voix d’ « hommes » et de « femmes », isolés ou regroupés, un cortège d’anonymes qui commentent les épisodes ou prêtent leur voix aux personnages du drame. Mais Idoménée est avant tout une pièce éminemment politique, qui raconte le retour de guerre, ses victimes et les crimes non expiés, avec une virulence digne de l’épopée antique. Schimmelpfennig se ressaisit du matériau de la guerre de Troie, des épisodes homériques ou de souvenirs des métamorphoses, pour brosser un portrait sanglant de l’âme humaine, sous des allures de poème dramatique épuré.