Louise Roux

Louise ROUX

Louise Roux est actrice, chercheuse, pédagogue et dramaturge. Elle fait du théâtre par tous les moyens et dans tous les lieux possibles : sur scène, à l’hôpital, dans des espaces désaffectés, en écrivant dans des ouvrages universitaires, en donnant des cours à la fac ou à l’école primaire, et en créant ses propres spectacles. Comme elle a peur de s’enfermer dans une culture et dans un milieu, elle voyage, et de ces voyages elle ramène des projets. Ainsi elle a créé en 2012 Identité, pirandellisme et Tarahumaras avec un masque guatémaltèque, ainsi elle a écrit en 2016 Le Prince Machu et la Cité des astres entre le Pérou et la Bolivie.

 

LE PRINCE MACHU ET LA CITE DES ASTRES

JEUDI 4 MAI – 19H15 – THÉÂTRE LA VIGNETTE

Il y a cinq cents ans, le peuple Inca vivait dans sa capitale de Cuzco, au milieu de très hautes montagnes. Ce peuple avait une Reine qu’on appelait L’Inca, amoureuse du Soleil et de la tradition, et qui devenait vieille. Elle n’avait qu’un seul fils, âgé de 10 ans, qui s’appelait Machu. Il était en âge de se trouver une fiancée. L’Inca se devait de choisir la meilleure jeune fille parmi les nobles pour marier le Prince.

Chez le peuple Inca, les nobles étaient les astrologues car ils savaient comprendre le mouvement de la Terre, lire dans les étoiles et choisir les lieux adéquats pour construire les villes.

Pour élire la princesse, la Reine fait passer une série d’épreuves aux pères astrologues : la présentation de leur fille, la recherche d’une montagne merveilleuse et l’édification d’une Cité des astres en haut de cette montagne.

Mais, comme la plupart des contes, l’histoire se termine sur un drame brutal. La construction prend des allures de conquête, l’amitié entre les filles promises Huayna et Picchu se transforme en rivalité et le Prince Machu, gonflé d’orgueil, désobéit à la tradition, provoquant la chute du peuple Inca.

Ainsi s’explique l’histoire, aussi flamboyante que fulgurante, du Machu Picchu.

 

Note d’Autrice

Ce texte vient d’une rencontre magique avec le Machu Picchu.
Avec un paysage d’une beauté fulgurante.
Avec des montagnes sur lesquelles un peuple construit une ville à l’image des montagnes.
Et des mystères.

Comment les Incas ont-ils transporté les pierres, casser les montagnes, compris les astres, vécus dans ces terres andines ? De ces mystères, du voyage, de l’altitude, des longs trajets en bus, est né un conte, totalement imprégné de ma culture occidentale – des contes de Grimm, d’Asterix et Obelix, de princes et de princesses. J’ai écrit une petite pièce de théâtre en pensant aux enfants de mon atelier théâtre que j’allais retrouvés à la rentrée. Pour eux.

Puis, Fausto a eu six ans alors que j’étais à Santiago. Ce petit garçon est venu le lendemain matin de son anniversaire jouer de la flute dans ma chambre. J’ai eu envie de lui offrir cette histoire. En la racontant, je me suis aperçue que je l’avais écrite pour un narrateur, qu’elle se prêtait au théâtre-récit et que j’avais envie de l’approfondir, de la réécrire, et de la jouer.

Pourquoi cette fascination pour ce thème et pourquoi je crois qu’il est important d’en parler aux enfants? D’abord parce qu’il s’agit d’une culture totalement différente, qui respectait la nature, qui avait une haute notion du sacré, et avait des connaissances que nous avons perdus (notamment l’astrologie comme mode philosophique de compréhension du monde). Ensuite, il me semble intéressant, alors qu’aujourd’hui il est question de fin de notre civilisation, d’évoquer un Empire qui a disparu, par la faute des Espagnols, certes, mais aussi par sa propre démesure. Et de rappeler que les cycles des hommes sont éphémères, que la nature reprend ses droits et que la volonté de puissance n’est pas toujours victorieuse. Enfin, je veux évoquer la magie qu’il y a dans cette histoire, chez ce peuple qui vivait de symboles, dans un univers qui, avec la distance du temps créant du fantasme, nous paraît magique.