Nicolas Girard Michelotti

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C’est par la musique que ça commence. Improviser tôt, sans savoir comment faire, sur le piano un peu désaccordé, qui près du canapé ne servait plus que de support pour les décorations, les photos d’enfance. Plus tard, au lycée, j’écris des petites chansons, des morceaux de romans que je fantasme sans vouloir les mener à bout, j’enregistre de la musique instrumentale que je destine à des albums fantômes. La scène, c’est d’abord, pour moi, les concerts, le groupe, le nous, la chaleur, forcément, l’électronique, les premières bières renversées, que j’aime peu, les premières clopes – mais je ne fume pas.

Après deux années de classe prépa littéraire marseillaise, où je n’ai plus le temps de jouer, mais seulement d’écrire, le plus souvent des formes courtes, émancipatrices, des poèmes, des fragments d’une première pièce trop longue, hybride, laissée de côté, et toujours des chansons, et après, aussi, une licence en lettres et cinéma à l’université Paris Diderot, je m’initié au jeu. C’est une respiration.

La scène prend un autre sens, et j’expérimente le plateau comme narrateur à l’occasion de ma première création : Ces trous de lumière loin loin dans la ville (2015).

Au Théâtre du Rond-Point, à l’issue du concours « conservatoires en scène », je monte deux textes : La Pomme (2015), Pavillon E (2016), et bientôt (23-28 mai 2017) un troisième : Disparition, sur la plage.

Une autre pièce, ici, lauréate du concours « De l’encre sur le feu » organisé par Soy Création, a quant à elle été mise en espace par Sol Espeche le 22 mars 2016 au Théâtre 13.

Je poursuis ma formation de comédien au conservatoire du huitième arrondissement de Paris, et m’interroge, en parallèle, dans le cadre de mon master 2 de Lettres, sur les dramaturgies contemporaines et la place qu’elles consacrent au corps guerrier.

 

APNEE

(INSTALLATION VIDÉO ET SON TOUS LES JOURS DU 2 AU 6 MAI)
Un homme seul en passe d’être expulsé de son appartement déjà vide, secoué par l’anxiété et le froid, analyse sa situation et se remémore quelques fragments précieux de sa vie.

Il parle, tu parles, depuis la faille où l’on s’engouffre, peu à peu, sûrement. Chaque mot, un sursis. Un sursaut de vie : encore un, encore un son. Même si personne n’écoute, ne veut entendre, parler pour que vive la lumière. Visage cassé, d’accord, mais ses débris, cris, sensations souvenirs et pensées, avec le temps, tu les recolles. Ses traits se cristallisent, et la personne, tu la retrouves.

La parole de ceux qui souffrent est une bougie en tempête hivernale. Il faut la protéger délicatement avec ses mains. Il ne faut pas trop craindre la brûlure. Il y a dans la brûlure un peu son oxygène

Note d’auteur

Faire parler la blessure de ceux qui, tombés dans la faille, sont hors-jeu et victimes d’un processus de dépersonnalisation.

Etre hors-jeu, c’est ne plus pouvoir parler à l’autre, se référer à lui, régler ses problèmes avec lui – le monologue vient de là.

Assumer sa situation sans se plaindre, sans honte ou du moins le tenter. Il n’est plus question d’appeler à l’aide; c’est impossible, ou le coeur n’y est plus. Impossible (pour l’heure) de savoir si le repli est forcé ou partiellement volontaire.