Fani Carenco

Fani Carenco

Fani Carenco – La solitude n’est plus une maladie honteuse 

J’ai commencé à écrire quand on commence à savoir écrire. Je faisais des poèmes, des histoires de lune et de nuages, de princes et de pauvres fermières qui n’osaient déclarer leur amour. En général, ça s’arrangeait à la fin.

A onze ans j’ai voulu écrire un roman. L’histoire d’une fille très malheureuse, orpheline, amoureuse d’un garçon qui ne l’aimait pas. Au bout de trois chapitres je trouvais ça long. Ils sont donc morts, noyés, sans trop souffrir.

Puis j’ai découvert le théâtre.

J’ai joué.

J’ai mis en scène.

Et j’ai eu envie d’écrire.

En vrai, j’étais enceinte, énorme, je ne pouvais presque plus bouger, et puis j’avais la trouille. Donc, j’ai ressorti du placard mes pauvres filles et mes garçons pas amoureux pour en faire des pièces.

Voilà pour les apparences.

Je n’ai pas vraiment envie de savoir pourquoi j’écris telle ou telle chose, à quel moment j’ai eu un déclic, qu’est ce qui me motive… Je peux ne pas écrire pendant des mois, et d’un seul coup remplir un cahier de pensées désordonnées dont j’essaye ensuite de faire quelque chose. Parce que oui, j’écris sur des cahiers. Mon côté romantique peut-être, ou juste un peu vieille.

J’aime bien raconter des petites choses du quotidien, des filles ordinaires, des blessures qui n’en sont pas vraiment. J’aime bien quand ça fait sourire. J’aime bien quand c’est un peu ridicule. J’aime bien que les spectateurs / lecteurs pensent : « c’est comme moi… en pire quand même ». J’aime bien qu’on me demande à la fin « mais c’est autobiographique? » et mentir en répondant.