Julien Usseglio

Julien Usseglio

Julien Usseglio – Les Orphelins –

Je suis né quelque part dans l’ineffable. La grande main est venue me saisir pour me jeter dans la réalité.

Se préserver du monde, c’est préserver l’enfant que nous avons été. On le porte notre enfant, un peu dans le cœur,  un peu dans la tête, un peu dans les poumons, beaucoup dans la foi. J’ai commencé à écrire très tôt. Pour m’évader d’abord, de la réalité, des humains tout autour, ces différends. Puis avec l’âge, j’ai continué de gratter du papier pour me préserver, garder ma ligne, ne pas me perdre. Vient l’âge adulte. On y comprend mieux les différences, on s’en préoccupe moins. Les choses sont ainsi et seul, on ne les changera pas. Heureusement, y a le Jamais Lu. Alors écrire, écrire encore. Pour partager, pour donner des grains de plage à garder en poche.
Écrire pour rêver, changer sur papier ce qu’on ne changera pas ici-bas. Pas tout de suite en tous cas. Les changements se feront génération après génération. Puisqu’on ne peut pas interdire l’argent, le pouvoir et les politiciens véreux, les peurs qui rôdent, la lâcheté, et toutes ces tares humaines ; alors autant écrire, dépeindre un monde rêvé, avec ses autres soucis, ses autres difficultés, et si parallèle au nôtre cependant. Allier songe et réalité, cosmos et quotidien.
Écrire pour ne pas se perdre peut-être. Pour tuer le mal que je porte, l’extirper ce mal, le jeter sur la feuille et le laisser là, hors de moi.
C’est ce que j’ai voulu faire avec « Les Orphelins », ma seconde pièce. C’est un monde chaotique, post-apocalypse, les Humains sont perdus dans le néant qu’est la terre, ils sont tous Orphelins. Le père des Orphelins, Dernier Roi du monde, veille encore. Il refuse de mourir. Il refuse de laisser la terre aux Hommes, il veux guider, aider, contrôler. Autour de lui, le chœur de morts cherche à l’emporter. Plus loin, dans les montagnes, une marchande de couteau, solitaire, qui cherche des pierres à tailler. Puis le Violoneux, musicien aveugle, incapable d’agir, incapable de parler, juste chanter. Et la Fille enfin. Elle, vient d’un autre pays, elle est là, un peu par hasard, à la recherche de son père. Elle trouvera le Roi.
« Les Orphelins » est un nouveau pas vers la liberté, qui est, d’après moi, le sens à suivre. Être libre, libre des Humains, libre des Dieux, et libre de soi.
La première pièce, « En Cage », parlait de trois personnages enfermés. Ils doivent se libérer d’eux-mêmes pour s’échapper. « Les Orphelins » parle de la libération de l’Homme par l’Homme. Une troisième viendra,  « Le Murmure des Ruines » encore non-écrite. Ce sera des Dieux dont il faudra s’échapper.