Programmation festival Texte En Cours 2021

Lundi 15 novembre 2021 | 19h
Brasserie le Dôme, Montpellier

🟣 Ouverture du festival

🟣 Navigation poétique de Bruno Paternot (Navegacio Poetic Eurorégion)

🟣 Les animaux d’Alexandre Horreard

🟣 Navigation poétique de Bruno Paternot (Navegacio Poetic Eurorégion)

Dans le cadre du projet Eurorégional Pyrénées Méditerranée Navegacio Poetic Eurorégion autour de l’intercompréhension dans les littératures en langues euro-régionales : Catalan, Castillan, Français, Occitan.
Le projet propose de regarder ensemble la culture de l’autre afin de s’apercevoir qu’elle est en fait notre propre culture. En partenariat avec la compagnie Rêves du 22 mars (Nîmes – Occitanie).

NOTE D’INTENTION

Par l’intercompréhension en langues eurorégionales (Catalan, Castillan, Français & Occitan) et l’écriture contemporaine et poétique, nous proposons de regarder ensemble la culture de l’autre afin de s’apercevoir qu’elle est en fait la notre.

🟣 Les animaux d’Alexandre Horreard

Il n’y a plus d’animaux. Plus aucun animal. Quelques humains, une poignée d’humains, refusent ce fait pourtant implacable. Il faut qu’il y ait des animaux. S’il n’y a plus d’animaux, alors eux-mêmes doivent devenir des animaux, doivent remplacer ces animaux.

NOTE D’INTENTION

Il y a de moins en moins de repères dans notre société. Le sujet est vaste et souvent décrit : pour remplacer le déclin des repères d’avant (la religion, la politique, etc) beaucoup de gens se tournent vers eux même et cherchent à exister à travers leur identité propre. C’est l’individualisme d’un monde occidental en perte de repère : la vérité se trouve à l’intérieur de soi, et non plus à l’extérieur (au-dessus ou sur le côté). Qu’est-ce que son identité ? Vaste question insolvable à laquelle on répond en s’étiquetant de plus en plus. Je suis tel et tel. Puit sans fond.
Poussons le bouchon : voici une communauté qui s’érige par la force de la parole une condition qu’elle n’est pas. La parole performative a ses limites. Et alors que les personnages profèrent qu’ils sont animaux, ils ne sont jamais autant humains.
Il n’est pas question de dire ce qui est bien ou mauvais, si le monde va mal ou mieux, si l’on va tous mourir dans une apocalypse climatique ou si l’espoir est permis ; ou pire, qu’un chemin vers le bonheur existe et qu’il est là, ici, regardez. Il n’est pas question non plus de chercher si les personnages y croient vraiment, et même s’ils sont vraiment transformés.
On le laissera à leur propre appréciation. Il est juste question d’humains qui dans un monde qui leur échappe, à moitié mort, essayent tant bien que mal, mais plus mal que bien, à retrouver un sens à travers leur corps et leur parole.

Mardi 16 novembre 2021
Hangar Théâtre/ENSAD, Montpellier
15h

🟣 Rencontre professionnelle : l’être auteur, animée par Bruno Paternot

19h

🟣 Les oublieux.ses de Raphaël Gautier

🟣 Marraines de Théo Perrache

🟣 Rencontre professionnelle : l’être auteur, animée par Bruno Paternot

Dans le cadre du projet Eurorégional Pyrénées Méditerranée Navegacio Poetic Eurorégion, en partenariat avec la compagnie Rêves du 22 mars, rencontre professionnelle sur : le statut, la rémunération, les conditions de travail des écrivants, espace d’échange entre des écrivains expérimentés et de jeunes auteurs et autrices.

🟣 Les oublieux.ses de Raphaël Gautier

Qu’est-ce qu’oublier ? Qu’est-ce que l’oubli fait, empêche, permet à un corps, un individu, une société ? Les Oublieux-ses est un triptyque. Dans cette pièce, trois situations se déploient, sans rapport narratif entre elles mais gravitant autour de personnages « oublieux-ses ». Dans la première partie de la pièce, une victime d’expériences psychiatriques visant à reconstruire la mémoire est interrogée par une journaliste. Dans la deuxième partie, un couple s’installe dans une ville au lourd passé historique. Dans la troisième partie, des gens de théâtre doivent faire face au problème de l’oubli, inhérent à leur art.

NOTE D’INTENTION

Je voudrais mettre en place trois situations qui n’ont aucun rapport entre elles en terme narratif mais qui toutes posent cette question de l’oubli. Il est important pour moi de déployer trois parties assez hétérogènes tout en tressant entre elles des échos, afin de laisser au spectateur le soin de tracer son propre chemin au travers de la pièce, constituer son propre poème et sa propre méditation quant à cette question de l’oubli. Quels tiraillements, quelles tensions entre ce dont on se souvient et ce dont on se déleste ? Sous quels formes certains fantômes reviennent-ils ?

🟣 Marraines de Théo Perrache

« Britney Spears, star internationale, est assise dans sa loge au 17ème étage de la Britney Spears Agency. Le tournage de son dernier clip sur le toit du studio va bientôt commencer. La tornade Brenda se déplace progressivement en direction de la ville. »
Britney est le produit du show business par excellence. C’est notre créature à nous. Vous êtes convié.e.s dans sa loge, où vont défiler les quatre fées marraines qui l’ont accompagnée vers ce qu’elle est devenue aujourd’hui : une fée sans ailes.

NOTE D’INTENTION

Est-ce que ce qui est féerique c’est ce qui n’est pas humain et donc inhumain, monstrueux ? Les stars sont nos fées d’aujourd’hui, les mélanges d’une confusion entre l’humain et la créature.
Ce texte est le fruit du croisement entre les contes de mon enfance et mes références plus « mainstream » et télévisuelles. Je défends l’idée que ma culture pop anime activement et politiquement mon travail. Il est important pour moi, aujourd’hui, de questionner le rapport que l’on entretient avec nos influences et nos idoles. En regardant la télévision, je suis fasciné d’observer à quel point notre rapport à l’intime est en train de muter ; et de la même façon, notre rapport au corps et au temps.
Moi-même j’ai grandi avec Britney Spears en étant persuadé qu’elle m’appartenait. Qu’est-ce que cela dit de ma propre liberté ?

Mercredi 17 novembre 2021 | 19h
Hangar Théâtre/ENSAD, Montpellier

🟣 K-Libre de Samaële Steiner

🟣 Papa congèle de Victor Inisan

🟣 K-Libre de Samaële Steiner

C’est l’histoire d’une ville traversée par un fleuve. C’est l’histoire de l’enfouissement programmé d’une partie de ce fleuve. Les autorités de la ville projettent de construire une esplanade et de déplacer le Grand Centre d’Affaires. C’est aussi l’histoire de trois femmes qui travaillent, de nuit, à l’intérieur du Grand Centre d’Affaires, pour surveiller, recenser, inventorier, tout ce qu’il comporte afin de pouvoir le reconstruire à l’identique. C’est l’histoire, par bribes, de la résistance qui s’organise face au projet d’enfouissement et c’est l’histoire de la rencontre entre ces trois femmes et de ce que cette rencontre pourrait permettre.

NOTE D’INTENTION

Au départ, il y a la rencontre avec la comédienne Leïla Brahimi. La volonté commune de parler de tout ce qui est en train de se rapetisser en nous. Comment aux grands chantiers extérieurs, visibles dans nos villes (ici l’enfouissement du fleuve), correspondent des chantiers plus intimes, de métamorphose, d’endiguement, de canalisation, de nos corps, nos rêves, nos imaginations. Comment ce sont les mêmes projets politiques qui sont à l’origine des deux.
Au départ, il y a l’envie de montrer la solitude, les solitudes, dans ce monde. Les solitudes, parallèles parfois et qui ne se rencontrent pas. Puis ouvrir des brèches. Profiter des accidents pour rompre ces solitudes et regarder ce qu’il se passe quand on prend conscience qu’on n’est pas seul.e, que l’on peut être deux ou plus ou groupe ou meute.

🟣 Papa congèle de Victor Inisan

Daniel, Wanda et leurs deux filles, Maëlle et Gaëlle, habitent à la montagne dans une maison que Daniel termine de construire.
Un jour, alors qu’il travaille sur la toiture, Daniel tue Wanda par accident. Rongé par le chagrin, il laisse dépérir ses enfants.
Une idée lui vient alors : découper et congeler les têtes de sa femme et de ses filles. Ainsi, en leur rendant visite dans le congélateur, il pourra rejouer les scènes de la vie qu’il avait rêvée.

NOTE D’INTENTION

Le thème du foyer m’occupe particulièrement : le désir de fonder une famille — rassurante, par- fois étouffante — ou celui de « se ranger ». S’accrocher à la vie avec, en rempart contre le chaos du monde, un paisible cocon. Parfois le seul repère où se recueillir. Je crois que dans Papa congèle, j‘ai voulu raconter la difficulté d’établir ce foyer… Et la folie qui l’accompagne parfois, pour celui qui, coûte que coûte, malgré les obstacles, veut réaliser son rêve.
Papa congèle narre les étapes canoniques qui mènent à la vie de famille : la rencontre amoureuse, l’enfantement, la construction de la maison familiale. Cependant, Papa va se heurter à une incompréhension crescendo face à son idéal : celle de Wanda, qui prête peu d’intérêt à accomplir son rôle de mère, et celle des enfants, qui souffrent progressivement d’un manque d’affection. Incompréhension bornée, que Papa fera grandir jusqu’à l’étouffement, et à la fin, au drame de fait divers.
Ici, le congélateur, huis-clos étouffant qui rappelle l’enfermement de la maison, est l’occasion pour Papa de « geler le temps » afin de vivre les situations de la vie qu’il n’a pas vécue. Mais peu à peu, les têtes qu’il pensait contrôler prennent le dessus sur lui : Papa, rongé par la culpabilité et le chagrin, va échouer de nouveau à réaliser son rêve.
Si la parabole de Papa… est un témoignage quelque peu horrifique sur les folies de l’idéal, il me semble qu’en filigrane, elle met surtout en question l’unité de la famille et du foyer, qui, sous des couverts heureux, est bien souvent affaiblie, hypocrite, voire impossible.

Jeudi 18 novembre 2021 | 19h
Hangar Théâtre/ENSAD, Montpellier

🟣 Laversion de Malou Rivoallan

🟣 Despertandose (et plus si affinités…) de Sarah Fourage (Navegacio Poetic Eurorégion)

🟣 Nostalgie du réconfort de Matthieu Dandreau

🟣 Laversion de Malou Rivoallan

Héloïse est une jeune femme qui n’arrive pas à vivre. Sa vie de jeune adulte est difficile. Elle souffre de profondes névroses dues à un traumatisme jamais énoncé. Une histoire qui remonte à son adolescence. Alors qu’elle emménage pour la première fois avec son petit ami, Ismaël, les séquelles laissées par cette ancienne affaire jamais révélée au grand jour transforment leur quotidien en un véritable enfer.

NOTE D’INTENTION

C’est en travaillant avec des lycéens, et particulièrement au contact des adolescentes, que ce projet d’écriture est né. Les regards portés sur les corps de ces jeunes femmes, que ce soit au sein de la sphère intime ou dans l’espace public, les multiples projections, injonctions, insultes ou dérives de la part d’adultes censés les protéger, les guider, les instruire, la domination exercée par un statut d’autorité, c’est ce qui m’a interrogé. Qui sont ces prétendus adultes référents ? Qui sont les professeurs, les directeurs, les médecins, les pères ? Que font – ils ? Que deviendront toutes ces jeunes filles qu’on aura touchées trop tôt ? Celles à qui on aura bousillé d’entrée de jeu les notions de plaisir, de consentement ? Celles qui n’auront plus jamais confiance, qui auront peur toute leur vie en la présence d’un homme ? A quoi ressembleront leurs cauchemars quand elles seront « adultes » et dans quel inconscient collectif baignons – nous ?

🟣 Despertandose (et plus si affinités…) de Sarah Fourage (Navegacio Poetic Eurorégion)

Il ne s’agit pas d’une pièce à proprement parler. Plutôt d’évocations, tentatives poétiques de mises en regards, en relation : celles d’ une femme qui se voudrait homme, d’une militante écologiste prête à s’immoler en sautant d’un immeuble, d’une femme couenne qui cherche son dire, d’un sage femme boucher qui ressurgissent en flashes. En creux, la violence souterraine qui voudrait exploser mais ne le peut. En vrai, la matière texte qu’il a été donnée à l’autrice de travailler lors de la résidence Navegacio Poétic, avec la compagnie Rêves du 22 mars, aux côtés de poètes et autrices, musiciens, slammeuses, militantes, engagés et enragés….

NOTE D’INTENTION

J’ai voulu quitter la trame narrative et m’essayer à une forme plus poétique -quête de langue- et partant de ma propre défiance à l’égard du mot féminisme. Tenter de remonter le fil intime pour comprendre le déni de mon genre, qui m’importe tant, « écrivante ». Si la cohabitation avec des poètes et poétesses « au clair » dans leur engagement m’a portée et encouragée, je me suis aussi essayée à perdre quelques habitudes, pour guetter le trouble et j’espère, le donner à entendre.

🟣 Nostalgie du réconfort de Matthieu Dandreau

Nostalgie du réconfort est une pièce de théâtre qui prend pour socle les interviews que l’auteur a fait des membres de sa propre famille. Une famille populaire, rurale et ouvrière.
De cette base réelle est né le récit d’une fiction, celle d’un jeune homosexuel de province en quête de sens et d’identité et de sa place au sein de cette famille.
Une histoire banale en quelque sorte, de laquelle émergent pourtant du merveilleux et du tragique.

NOTE D’INTENTION

Ce projet d’écriture, une première pour moi, est né d’une quête de sens personnelle et intime. Transfuge de classe, je m’interroge tous les jours sur ma place de metteur en scène et je ne me serai jamais autorisé à écrire. Par manque de légitimité sûrement, mais aussi par paresse et par peur.
Ces interviews ont réussi à connecter les deux mondes qui sont les miens : ma famille, très éloignée du théâtre et mon métier d’artiste.
Aujourd’hui, je veux utiliser mon parcours, celui d’un homosexuel de province, fils et petit-fils d’ouvrières, devenu artiste, pour revendiquer pleinement mes racines. Et m’emparer de cette France souvent oubliée, non pas en proposant un réalisme triste mais en m’autorisant la fiction y compris fantasmagorique. C’est tout le propos de cette pièce égocentrique, pour laquelle je m’inspire tout autant de Raymond Depardon que de Steven Spielberg !